Machines théâtre       Don Juan navire / théâtre sur l'eau

  • Don Juan navireDon Juan navire
    Lac de Créteil
  • Don Juan navire

Don Juan navire / théâtre sur l'eau

1988
Acier, résine polyester, bois, propulsion et accumulateurs électriques, radiocommande, projecteurs
Dimensions  8 x 2,5 x 8 m

La navigation et les rencontres de cette machine avec d'autres éléments flottants à la surface du lac — ses « conquêtes » — constituait le spectacle, c'est-à-dire le récit des aventures de Don Juan. La taille de cette construction était assez grande et sa luminosité assez forte pour que l'on puisse la voir depuis les deux rives. Elle devait se déplacer sur le lac et rencontrer, en les entraînant avec elle, ses « conquêtes » disposées sur le parcours. Une fois rassemblés tous ces éléments métalliques et grillagés, l'ensemble, devenu énorme, peu lumineux et presque incapable de se déplacer, devait disparaître en sombrant au milieu du lac.

Le soir du spectacle, une foule s'était massée sur les rives : des amis, des familles, tous ceux qui nous avaient aidés ou étaient attachés à ce projet par des liens de sympathie et de curiosité. Alors que Don Juan quittait son amarre et commençait à se diriger vers les spectateurs, un incident provoqua prématurément le remplissage des flotteurs — ce qui n'aurait dû se produire qu'à la fin de la représentation. Nous saurons plus tard qu'une interférence radio provoquée par les émetteurs de la police (ce que certains nommèrent le « radio » commandeur) fut la cause de cet incident. La machine Don Juan commença lentement à sombrer. Les spectateurs ne virent qu'une lueur lointaine qui s'inclinait, et peu à peu s'enfonçait dans l'eau. Naufrage du spectacle. Le Don Juan à demi-immergé resta longtemps illuminé dans la nuit du lac.

Machine flottante figurant Don Juan construite avec l'association l'Écart et les élèves
du lycée Branly pour un soir de représentation sur le lac de Créteil

Notes après la représentation

La personne chargée de commenter le spectacle, après en avoir annoncé la fin prématurée et ne sachant plus que dire, commença à remercier ce que l'on appelle les mécènes : les entreprises, les institutions culturelles, la mairie. Symétrie cruelle qui remplaça la gratification attendue.
Nommés, nous aussi, et remerciés, professeurs, élèves, artistes, amis : ceux qui avaient tant travaillé et qui étaient liés si intimement à ce projet qu'ils ne pouvaient qu'être entraînés dans ce désastre collectif. Non seulement l'objet s'était échappé — avait échappé à ce destin d'instrument que tous désiraient —, mais il fit remonter vers leur source, en les inversant, les signes positifs et sympathiques de l'encouragement aux beaux-arts. Jubilation à la vue de ce qui advenait, et consternation. Nous n'avions pas prévu cette panne.
Dès le lendemain, se moquant de ceux qui se désolaient d'une panne peu glorieuse, les quelques esprits attentifs qui avaient décelé l'intervention d'un « radio » commandeur, avancèrent l'idée que le libertaire Don Juan s'était, pendant cette représentation, parfaitement et souverainement manifesté.

Présentations

1988
Spectacle le 26 mai sur le lac de Créteil.

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